paysage + urbanisme

Les communautés ectomycorhiziennes dans les sols urbains : du diagnostic moléculaire à l’aménagement urbain

Ou comment redonner vie à des sols scellés par des décennies d’activité industrielle, à partir des réservoirs fongiques (champignons), toujours présents sous ces chappes de béton ?

Nous félicitons Louise Authier, pour sa brillante réussite de sa thèse de doctorat, soutenue le 13 décembre 2023 à l’Université de Montpellier, thèse co-dirigée par Ilex et le CNRS de Montpellier.

Cette thèse CIFRE concrétise un partenariat créatif et engagé avec notre Maître d’ouvrage Euroméditerranée, avec comme terrain d’expérimentation les futurs espaces publics du nouveau quartier des Fabriques, dont les sols sont devenus inertes après 70 ans de scellement.

Elle propose une méthodologie de réhabilitation de ces sols à partir des communautés ectomycorhiziennes résidentes (champignons mutualistes) et leur capacité à établir des interactions avec les plantes : ces organismes favorisent l’assimilation des nutriments et de l’eau et sont, à ce titre, des candidats privilégiés pour le développement de méthodes innovantes de conception de « sols vivants » à la base de communautés végétales plus longévives.

À partir d’un diagnostic moléculaire des communautés ectomycorhiziennes persistantes au sein de ces sols hyper-scellés, elle développe un protocole d’inoculation de fragments de sols issus de milieux naturels limitrophes (garrigue) avec leur communauté fongique.

Trois résultats majeurs :

  • La banque de spores ectomycorhiziennes résiduelle des sols scellés est certes pauvre en espèces, mais capable de s’établir sur les racines des végétaux même après 70 ans d’isolement. En d’autres mots : des fragments de vie ont subsisté dans ces sols !
  • La pratique d’inoculation d’une fraction de substrats issus de milieux naturels dans ces sols inertes montre des résultats prometteurs avec une véritable interaction entre ces champignons et les végétaux mis en place.
  • En termes de méthodologie scientifique, la thèse ouvre le champ d’une utilisation optimale du diagnostic moléculaire pour caractériser les communautés fongiques des sols appauvris de nos villes.
    Sur le plan appliqué, ce travail met en lumière l’importance de la composante souterraine des écosystèmes urbains, et des interactions plantes / champignons qui s’y déroulent.

Cette thèse de doctorat ouvre, pour Ilex, des perspectives très réjouissantes de diversification de ses techniques de renaturation des milieux hyper-anthropisés, terrains de jeux de l’ensemble de ses projets sur les grandes métropoles nationales.
Ce travail de recherche appliqué se poursuit, avec l’intégration de Louise dans notre équipe projet.

Thèse dirigée par Franck Richard (professeur, université de Montpellier), Cyrille Violle (directeur de recherche, UMR CEFE CNRS) et Isabelle Vignolles (urbaniste, paysagiste-concepteur, Ilex).